Cette fois-ci, il s’agit d’un article un peu particulier où je vais vous conter comment, un jour, j’ai vu le ciel. Oh, je vous rassure – ou vous déçois –, rien d’ésotérique ou de religieux ici. Non, je parle bien du ciel, celui qui est là, dehors. Enfin, plus précisément celui qui s’offre à nous lorsque le soleil s’est couché : ce ciel noir ou gris, où brillent plus ou moins d’étoiles selon que vous soyez en ville ou à la campagne. Je vais donc vous conter l’histoire de cette première fois. Et j’espère humblement que ceci vous incitera, vous aussi, à franchir le pas. Franchir ce pas qui m’a donc permis de voir le ciel, un jour où il ne faisait plus jour.
Avant
Vous êtes sans doute nombreux à lever la tête vers la voûte céleste, quelques secondes, parfois par inadvertance, un soir d’été ou d’hiver, et n’y détecter qu’une jolie myriade de points lumineux : les étoiles, comme on dit. Certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu quelques patronymes de stars comme Sirius, Véga, Bételgeuse, Rigel, Deneb, Arcturus (non, dans Goldorak, c’était Actarus), Antarès et bien sûr la fameuse Étoile polaire. Et toutes ces étoiles, dit-on, formeraient comme de grands dessins sur la voûte céleste : des constellations, dont celles du très populaire horoscope. Certains ont même cru comprendre que l’on pouvait y apercevoir des planètes comme Mars, Jupiter, Mercure ou Saturne, ou encore cette Étoile du berger qui serait en fait la planète Vénus… Mais bon, vous avez beau regarder, et il n’y a là qu’une myriade de points lumineux anonymes, sans signification aucune.
Le fait est que, dans nos sociétés modernes, nous n’avons plus besoin de nous référer au ciel nocturne pour consulter le calendrier. Et ce qui était le décor quotidien des civilisations anciennes, le soir au coin du feu, est devenu pratiquement invisible à nos yeux, accaparés qu’ils sont par nos écrans de télévision. D’ailleurs ce ciel ne ressemble plus à grand chose, vu depuis nos cités gorgées de lampadaires, de phares et de néons : les faibles lueurs des mondes lointains ne pouvant rivaliser avec ce bouclier lumineux qui recouvre désormais nos villes. Et ne parlons même pas de cette brume peu ragoutante, stagnant régulièrement au-dessus de nos tours.
Et même si vous vivez comme moi, au milieu des lacs et des forêts, soyons francs : les écrans de télévision ou d’ordinateur règnent également sur nos soirées.
N’y voyez là aucune diatribe passéiste ou écologiste, pas même un quelconque coup de gueule envers ce repli autistique vers nos canapés (le mien est d’ailleurs très confortable). Ce n’est qu’un simple constat, et ceci explique parfaitement pourquoi, pour la plupart, vous n’avez jamais « vu » le ciel.
La première fois où je l’ai vu, c’était un soir de fin d’automne.
Pendant
J’avais vingt-quatre ans, et j’étais tout à fait conforme au portrait dressé plus haut : mon ciel nocturne n’était composé que de cette myriade informe d’étoiles. Et étant, comme aujourd’hui, passionné d’astronomie, c’était assez frustrant. Tous ces noms d’étoiles, chers à mes romans de science-fiction, conservaient leur aura de mystères.
Et puis, un après-midi, histoire de remplir un peu mon frigo, je suis passé par le rayon d’un hypermarché où s’étalaient des posters, et je fus attiré par une grande carte du ciel, joliment décorée, avec deux grands hémisphères célestes représentant toutes les constellations, avec les noms et tout le toutim. Ce poster, je l’ai punaisé dans le salon de mon F2. Là, vous comprenez que j’étais célibataire, et je vous assure que ça aide quand on installe un billard au milieu d’un 50m², et un poster de cette taille sur le mur adjacent.
Et ce poster, je suis passé devant, je l’ai observé, scruté, durant des heures, durant des jours, durant des semaines. Mais pendant que tous ces jolis dessins s’imprimaient sur ma rétine, le ciel, lui, demeurait opaque. Cette année-là, l’automne fut l’un des plus pluvieux de l’histoire du Nord-Pas-de-Calais (c’est dire, je sais). Les rares éclaircies n’offraient que quelques clignotement d’étoiles entre les masses nuageuses. Je n’aime pas les clichés mais j’avoue que, là, ce ciel du nord valait bien qu’un canal se pende.
Bien des semaines s’étaient écoulées, lorsqu’un soir de décembre, revenant de Lille par l’autoroute, mon regard fut attiré par trois points lumineux, sur ma gauche. Serait-ce la Ceinture d’Orion ? Je pris la première sortie. Après quelques centaines de mètres, je me rangeai sur le bas-côté, en rase campagne. Je sortis de ma voiture, et là, j’en eus le souffle coupé : mon poster était là, devant moi, à droite, à gauche, derrière moi, au-dessus de moi, gigantesque, majestueux, vertigineux. Pour la première fois de ma vie, je venais de voir le ciel !
C’est bien sûr Orion qui, la première, m’a ébloui. Les autres constellations ont immédiatement suivi, dont le Taureau et son œil rouge, Aldébaran, car, dans le même temps, j’identifiais chaque étoile brillante : Bételgeuse, Rigel, Capella et tant d’autres. Et je ne tardais pas à me rendre compte de la présence de deux points brillants qui n’étaient pas sur ma carte : Jupiter et Saturne ! Un véritable enchantement.
Cet automne grisailleux aura finalement été une chance. Il m’aura permis de vivre une expérience peu commune : plutôt que de comparer, peu à peu, le poster avec des portions du ciel en tentant laborieusement de retenir les différents repères, cette carte m’a explosé à la figure, ce soir de décembre.
Après
Inutile de vous dire que, dans les jours qui ont suivi, j’avais la grosse écharpe de laine autour du cou, avec la gourmandise assumée de profiter à plein temps de ce nouveau spectacle. Et puis, je n’avais vu qu’une partie du ciel. Et c’est en l’observant, ce ciel, que l’on se rend le mieux compte que la Terre tourne. Peu à peu, des constellations disparaissent à l’horizon pendant que d’autres se lèvent. Puis, au fil des jours, on se rend compte que celles qui disparaissent, disparaissent de plus en plus tôt, tandis que les autres se lèvent également de plus en plus tôt. Et c’est ainsi que les saisons défilent, avec leurs lots de surprises et de découvertes.
Puis, il arrive un soir d’été où, couché dans l’herbe, vous observez les dernières lueurs du crépuscule. Le Soleil s’est couché depuis plus d’une heure. La Lune est là. Quelques planètes pointent également le bout de leur nez. Et vous voyez cette ligne qui semble joindre notre étoile du jour, sous l’horizon, et tous ces astres de la nuit. Vous savez que cette ligne représente le plan de l’écliptique, c’est à dire le plan sur lequel se déplacent les planètes – dont la Terre – autour du Soleil. Et ce n’est plus une ligne que vous visualisez mais bien une surface, un disque sur lequel se promènent les planètes ainsi que vous-même, couché sur l’une d’elle. Vous percevez soudain ce grand manège, et votre horizontale ne l’est plus. Vous n’êtes plus couché mais penché, et la sensation de vertige n’est pas loin. C’est un peu effrayant et très beau à la fois : vous ne comprenez pas votre place dans l’univers, vous la ressentez.
Voilà.
Et pour vivre tout ceci, vous n’avez besoin que de vos yeux car ce sont de formidables instruments d’observation. Bien sûr, comme moi, vous finirez sans doute par avoir envie de découvrir ce ciel avec des yeux plus gros. Si une paire de jumelles traîne au fond d’un tiroir, sachez qu’elle peut servir à autre chose qu’observer les oiseaux ou la voisine, aussi jolie soit-elle. Pointez-la vers les cratères d’un croissant de Lune, et vous comprendrez.
Puis vous craquerez peut-être pour un télescope. Et c’est un nouveau ciel qui s’ouvrira à vous. Pas celui des merveilles colorées du télescope Hubble, bien sûr (il faut parfois le préciser), mais je vous laisse imaginer le plaisir qu’il y a à pointer le tube vers un point lumineux, et découvrir, à l’oculaire, une petite bille entourée d’un anneau.
Si vous n’avez jamais « vu » le ciel, vivre cette même aventure, c’est tout le mal que je vous souhaite.
En espérant vous y avoir un peu incité, il me reste à vous proposer quelques conseils…
Votre « avant »
L’idée du poster et du ciel gris m’a réussi. Cela reste très personnel mais sait-on jamais. Toutefois, difficile de commander un « ciel gris » de plusieurs semaines, et impossible de patienter lorsque les étoiles vous invitent à lever les yeux vers elles. En même temps, si vous vivez au cœur d’une grande mégapole, nul besoin de ciel gris. Cela peut fonctionner jusqu’à votre première sortie à la campagne. Pour le poster, en supposant que vous en trouviez un assez grand, assez bien fait, avec les noms et les constellations bien dessinées, il reste encore à le punaiser au salon. Pour éviter tout conflit de couple, la porte des toilettes peut représenter une bonne solution de repli. Et ainsi, vos soucis intestinaux se révéleront très didactiques.
Si vous préférez utiliser une petite carte in situ, c’est à dire sous la voûte étoilée, sachez qu’il existe dans le commerce, des cartes cartonnées que l’on peut faire tourner en fonction de la saison et de l’heure afin de faire apparaître les constellations actuellement présentes au-dessus de votre tête.
Pour afficher ces cartes, il existe également plusieurs applis pour smartphones dont certaines utilisent les fonctions gyroscopiques de l’appareil pour afficher les étoiles (et les informations) situées dans la direction pointée par le smartphone, comme si son écran était transparent. C’est assez sympathique (si vous avez la chance de posséder un bon smartphone car, avec le mien, ça gigote) mais je ne suis pas sûr que cela vous aide vraiment à mémoriser le ciel. Après tout, à quoi bon retenir le nom de telle ou telle étoile puisque votre téléphone s’en charge ?
Enfin, si vous avez un ami pouvant vous guider, courrez-lui après. Pour vous permettre de vous repérer dans le ciel, et ainsi poursuivre votre apprentissage, il vous montrera sûrement quelques figures aisément identifiables : Grande Ourse (ci-dessous), Cassiopée, Ceinture d’Orion, triangle de l’été, Pléiades, etc. (seules les deux premières sont des constellations).
En général, il n’est pas conseillé de regarder le ciel près d’une source lumineuse. Il faut que votre œil s’habitue, de longues minutes, à l’obscurité pour qu’il puisse donner le meilleur de lui-même (au cas où, sachez que seule la lumière rouge n’éblouit pas trop l’œil). Si vous utilisez une lampe de poche ou un écran d’ordinateur pour consulter votre carte, ou encore si vous faites des allers-retours entre votre maison éclairée et votre jardin, a priori cela peut être gênant. Heureusement, il faut relativiser tout ça : si votre volonté est de découvrir les principales constellations, vous pouvez vous permettre ces entorses à la règle. Pour tout dire, un ciel parfait serait même un handicap. Vous aurez en effet beaucoup de difficultés à visualiser les dessins que forment ces constellations s’ils se retrouvent noyées dans un fourmillement d’étoiles.
Si vous utilisez une carte papier (poster, carton, livre), vous n’y trouverez pas la position des « astres errants » (ce qui, en grec ancien, nous a donné le mot « planètes »). Je suppose que vous n’aurez aucun souci pour identifier le Soleil et la Lune dans le ciel (et si vous voyez le Soleil, on est mal barrés). Mais pour distinguer Mercure, Vénus, Mars, Jupiter ou Saturne, vous aurez besoin d’une information actualisée, soit dans des magazines d’astronomie présentant la carte du ciel du mois, soit sur Internet.
Voici, par exemple, un site qui affiche une carte très simple avec la position des planètes : www.astronomes.com/carte-du-ciel/. Quand vous cliquez dessus, vous avez également le nom des constellations et des étoiles cliquées qui s’affichent sur la gauche. Par défaut, il montre le ciel à l’heure de la consultation mais, en journée, vous pouvez changer l’horaire pour voir le ciel du soir. Il existe des trucs beaucoup plus jolis sur la toile mais, là, c’est simple et c’est l’essentiel. Sinon, je vous conseille le logiciel gratuit Stellarium, un must en la matière. Téléchargez-le sur le site www.stellarium.org/fr/.
La plupart des personnes sont surprises d’apprendre que ces planètes sont parfaitement visibles dans le ciel (et c’est bien le cas, et pas un peu). Voici quelques infos à ce sujet :
Mercure et Vénus, orbitant plus près que nous du Soleil, demeureront toujours à proximité de celui-ci dans le ciel. Elles ne seront donc visibles, selon leur position, qu’avant le lever ou après le coucher du Soleil. Pour Mercure, la difficulté est qu’elle se lève juste avant ou se couche juste après, ce qui rend son observation assez difficile. Pour Vénus, en revanche, vous avez un peu plus de temps (enfin, selon la période). Et comme elle brille comme un phare, celle que l’on nomme l’Étoile du berger ne manquera pas de vous taper dans l’œil (c’est l’objet le plus brillant après le Soleil et la Lune).
Pour les autres planètes – orbitant plus loin que nous du Soleil – pas de période privilégiée : elles peuvent être visibles au soir ou au matin ou en pleine nuit ou pas du tout (derrière le Soleil). Du fait de son éloignement, Jupiter n’est pas aussi brillante que Vénus mais pète pas mal. Saturne, un peu moins brillante encore, apparaîtra quand même comme une belle étoile. Enfin pour Mars, également bien visible, vous noterez une légère teinte rougeâtre (et c’est pourquoi elle a pris le nom du Dieu de la guerre).
Ci-dessous, une photographie prise dans les lueurs du crépuscule où vous pouvez voir, de bas en haut, la Lune, Vénus et Mars (bien sûr, la position de chacun de ces astres a bien évolué depuis la prise de ce cliché).
Vous remarquerez peut-être que ces planètes semblent moins « clignoter » que les étoiles. Ce n’est pas qu’une impression (on en reparlera).
Enfin, pour Uranus et Neptune, n’espérez rien sans télescope (et même avec télescope pour les planètes naines comme Pluton). En revanche, vous pouvez deviner le cœur « brillant » de la galaxie d’Andromède à l’œil nu. C’est l’objet le plus lointain que vos yeux peuvent voir, à 2,5 millions d’années-lumière ! Mais ce n’est pas la cible la plus facile à détecter.
Quant à l’observation avec instruments, je suis loin d’être le plus qualifié. Je passerai donc le relais à d’autres sites web (ou livres). Mais encore une fois, au départ, privilégiez vos yeux. La suite n’en sera que plus aisée.
Voici quelques articles parus sur carb.one, en rapport avec le sujet :
- C’est le Nooôoord ! (où je vous explique où se situe l’Etoile polaire)
- La nuit, tous les chats sont gris (pour trouver la Galaxie d’Andromède)
- Bestiaire cosmique (pour faire le point sur tous les objets peuplant le ciel)
- Grandeur et magnitude (un petit topo sur la luminosité de ces objets)
Témoignages
Si, vous aussi, vous avez « vu » le ciel, n’hésitez pas à parler de votre expérience en commentaire de cet article, voire à donner vos propres conseils ou fournir des liens qui pourraient être utiles aux honorables béotiens avides d’offrir une nouvelle dimension à leurs yeux. D’avance, merci à vous !
Dubois 23 août 2018 / 9 h 29 min
« Une fois, c’était dans la rue Ruinart, sur le trajet du petit séminaire à la maison de mes parents où je rentrais tous les soirs étant externe. La nuit était venue. Les étoiles brillaient dans le ciel immense. A cette époque, on pouvait encore les voir. (Je pense qu’on est dans les années 30..). Une autre fois c’était dans une chambre de notre maison. Dans les deux cas j’ai été envahi par une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse, provoquée par le sentiment la présence au monde, ou du tout, et de mli dans ce monde. En fait, je n’étais pas capable de formuler mon expérience, mais, après coup, je ressentais qu’elle pouvait correspondre à des questions comme : « Que suis-je ? » « Pourquoi je suis ici ? » « Qu’est-ce-que c’est que ce monde dans lequel je suis ? ». J’éprouvais un sentiment d’étrangeté, l’étonnement et l’émerveillement d’être là. En même temps j’avais le sentiment d’être immergé dans le monde, d’en faire partie, le monde s’étendant depuis le plus petit brin d’herbe jusqu’aux étoiles. Ce monde m’était présent, intensément présent. Bien plus tard, je devais découvrir que cette prise de conscience de mon immersion dans le monde, cette impression d’appartenance au tout, était ce que Romain Rolland a appelé le « sentiment océanique ».Je crois que je suis philosophe depuis ce temps-là, si l’on entend par philosophie cette conscience de l’expérience, de l’être au monde]… [J’ai commencé à percevoir le monde d’une manière nouvelle. Le ciel, les nuages, les étoiles, les « soirs du monde » comme je me disais à moi-même, me fascinaient. Mettant le dos sur l’appui de fenêtre, je regardais vers le ciel la nuit, en ayant l’impression de me plonger dans l’immensité étoilée. Cette expérience a dominé toute ma vie…Depuis ce temps, j’ai ressenti fortement l’opposition radicale qu’il y a entre la vie quotidienne, qui est vécue dans une semi-inconscience, dans laquelle les automatismes et les habitudes nous guident, sans que nous ayons conscience de notre existence et de notre existence dans le monde, entre la vie quotidienne, donc, et des états privilégiés dans lesquels nous vivons intensément et avons pleinement conscience d enotre présence au monde…Pierre Hadot extrait de « la philosophie comme manière de vivre ». Edition livre de poche.
Christophe Delattre 23 août 2018 / 10 h 10 min
Bien peu de gens prennent conscience de leur existence dans ce monde, et cela ne cesse de me troubler.
christele 4 mars 2017 / 5 h 53 min
Merci pour ce beau et magique témoignage. Avant, j ‘avais 7 ans peut être, Pendant j’étais ado, les soirs d ‘hiver, jeté le sac d’école et sortir voir le ciel jusqu’à une pause casse croûte irrépressible , puis sortir encore jusqu’au sommeil qui s’impose. Faire des bidouilles lampe électrique et feuille de bonbon rouge pour lire la carte en lumière rouge ;). Apres, il dure ce après, tellement vaste à découvrir.
Hâte de lire tous vos articles de ce site, celui ci était le premier.
Christophe Delattre 4 mars 2017 / 10 h 34 min
Un grand merci. Et bonne promenade sur ce site et sous vos cieux, d’aujourd’hui ou d’ailleurs.
Rivet 25 mars 2016 / 10 h 05 min
Pour ma part, je n’ai ressenti cette sensation de vertige si bien décrite qu’à partir de ce jour où tu m’as emmenée au planétarium de la Cité de l’Espace à Toulouse. Avant, le ciel était juste beau, un peu mystérieux, un peu trop immense pour mon petit esprit… Et puis, pendant toutes ces années passées à tes côtés, pendant lesquelles, patiemment, tu m’expliquais les étoiles, la voie lactée, les constellations, les planètes, les années-lumière, la lumière des années-lumières, Les géantes rouges, bleues, les super-novas, les naines et les pouponnières, la magie des distances et des vides, bref, tout un univers vertigineux, il m’est arrivé de crier grâce !
Évidemment, le ciel des Hauts-de-France, trop discret sous la lumière des néons, ne m’a jamais livré la plus belle chose qu’il m’ait été donnée de voir, ici : la Voie Lactée…
Mais depuis que nous sommes ensemble dans ce coin perdu du Limousin, il m’est arrivé de râler parce que la lune était trop pleine pour admirer cette route brillante qui traverse un ciel noir de part en part. C’est un spectacle infiniment magique, infiniment puissant, infiniment immense qui, comme tu le dis, finit par donner le vertige.
Christophe Delattre 25 mars 2016 / 10 h 25 min
Toi aussi, souvent, tu me donnes le vertige 😉
Vincent.D 24 mars 2016 / 21 h 52 min
C’est marrant, Christophe tu viens de souffler sur le temps qui passe….la première fois où le ciel m’a parlé j’avais moins de 5 ans. Derrière la vitre de ma chambre sombre, il y avait un point blanc qui m’attirait, je ressentais un petit malaise., mais je le fixais il m’hypnotisait…
Plus tard ensuite, je devais avoir une dizaine d’années…j’étais assis sur un muret avec mon frère et mon cousin,à la campagne, un soir d’été, quand on est en vacances, qu’il fait doux et qu’on peut rester tard dehors…moi qui ne sais pas tenir mon imagination, ni ma langue, j’imaginais un monde comme le nôtre apparaître soudainement, comme dans un miroir, à côté de notre planète..et on délirait.
Une quinzaine d’années plus tard, même si je gardais toujours un œil sur le ciel (parce que je cherchais toujours sans le savoir le point de vue de Sirius pour ne pas être trop malheureux ) je rencontrais un gars qui porte le même nom que toi et qui m’a permis un soir de discussion d’être non plus « couché » mais « penché » sur le dos d’un étrange vaisseau… « soudain ce grand manège…. Vous n’êtes plus couché mais penché, et la sensation de vertige n’est pas loin. C’est un peu effrayant et très beau à la fois : vous ne comprenez pas votre place dans l’univers, vous la ressentez ». Ce fut exactement ça pour moi…et puis un autre jour nous étions à deux, clops au bec, excités comme des puces ( même si tu étais nettement moins speed et plus zen que moi !), à passer l’un après l’autre derrière le télescope…Génial !! la Lune était là, les cratères, le sol lunaire…au bout du bras…elle passait au bout du tube… à la vitesse grand V…tout bougeait…vertige pour moi, insoutenable légèreté…l’indicible.
En fait le ciel ne m’a jamais quitté, sans le connaître, mais il m’a parlé dans bien des circonstances et jamais je n’ai été déçu…
Christophe Delattre 24 mars 2016 / 22 h 41 min
C’est beau (et ça me rappelle aussi des souvenirs) 😉